13 janvier 2018

Il y a 100 ans : Vanille et vanilline (3)

(Suite.)
Suivant les dernières statistiques que nous avons consultées, il entre encore annuellement en France plus de 5 000 kilogrammes de cette mixture chimique au prix de 150 francs le kilogramme.
C’est donc 750 000 francs d’or qui sortent pour que la malfaisante vanilline puisse entrer.
Est-ce admissible ? Alors que tant de choses dont l’utilité ne saurait être contestée ne peuvent plus être achetées à l’étranger, parce qu’il faut ménager nos ressources en or, la vanilline continue à jouir d’un régime de faveur.
Il faut croire que les rois de la chocolaterie sont bien puissants !
Cependant, ce n’est pas un secret pour personne que la vanilline nous vient d’Allemagne par des voies plus ou moins indirectes. Même en temps de guerre, les usines boches réussissent à introduire chez nous cette drogue dont les effets nocifs ne sont même plus discutés !
Nous demandons avec insistance aux Pouvoirs Publics de mettre fin à ce scandale, de réserver l’or de la France pour un meilleur usage, d’interdire rigoureusement l’importation de la vanilline.
En même temps, ils rendraient service à nos colons dont la vanille trouverait des débouchés à des prix qui ne seraient pas tout à fait des prix de famine.
D’autre part, ne doit-on pas interdire l’introduction en France des vanilles du Mexique ? À vrai dire, nous savons qu’il en est question, mais il faudrait se hâter de prendre cette mesure, car ici encore, c’est notre or qui s’en va à l’étranger sans aucune nécessité, puisque les vanilles de nos colonies sont d’assez bonne qualité pour que les consommateurs puissent se passer des vanilles du Mexique. Celles de la Réunion notamment peuvent rivaliser avec elles.
Et puis, quand bien même nos vanilles coloniales seraient un peu moins finement parfumées que leurs concurrentes du Mexique, les nez les plus délicats ne doivent pas oublier que nous sommes en temps de guerre et qu’ils peuvent bien faire quelques sacrifices aux dépens de leur nerf olfactif !
Précisément, la récolte de la vanille a été très abondante l’an dernier, elle fut même au-dessus de la normale tant à Bourbon qu’à Madagascar et aux Comores.
(À suivre.)
Jean Peyraud.

Le Courrier colonial

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