13 juillet 2017

Il y a 100 ans : Les cyclones et le cabotage sur la côte Est (1)

Les arbres enlevés, les toits réparés et les rues délivrées de l’épaisse couche de feuilles et débris de toute sorte qui les jonchaient, la ville de Tamatave a repris son aspect au point de faire douter que, il y a huit jours à peine, elle a été effleurée par l’aile sinistre d’un cyclone.
Mais, pour garder intacte cette vision, il ne faut point se rendre sur les quais où les réalités apparaissent dans toute leur horreur. Là, le spectacle est navrant.
Avant le passage du météore, la rade était agrémentée par la présence de plusieurs voiliers qui, amarrés de ci de là dans leur mouillage, se balançaient gracieusement sous la brise comme de grands oiseaux de mer.
Aujourd’hui, plus rien ; le mouillage est désert et les débris des malheureux voiliers, déchiquetés par les vagues, jonchent l’enrochement qui protège le boulevard Galliéni.
C’est là un désastre de conséquences plus considérables que ce qu’on serait porté de croire tout d’abord.
Sans doute quelques-uns de leurs propriétaires, dont c’était l’unique moyen d’existence, sont ruinés. Sans doute encore le Wharf a subi par eux de sérieux dommages. Mais tout cela est secondaire, car le véritable dommage, le plus important, ce sont les colons et industriels établis le long de la côte qui l’ont subi. C’était par ces voiliers, faisant le cabotage, qu’ils recevaient la vie et écoulaient leurs produits. Ils n’ont point d’autre voie de communication. Aujourd’hui, ils sont, pour ainsi dire, sans relations avec le reste de l’Univers, condamnés presque à mourir de faim au milieu de leurs riches produits. Sans doute, attirés par l’appât du gain, il se trouvera des industriels pour reconstruire des voiliers ; mais cela ne peut être fait du jour au lendemain, et d’ici là…
L’Administration se préoccupe-t-elle d’assurer à ces nouveaux venus dans la rade de Tamatave plus de sécurité que n’en ont trouvé ceux qui viennent de disparaître ?
Ce serait cependant très facile, et tant au point de vue humanitaire qu’au point de vue du développement de la prospérité de la Colonie, ce serait urgent, et qui plus est, ce serait peu coûteux.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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