3 juin 2017

Il y a 100 ans : Le R. P. Freydier (1)

Samedi dernier, la dépouille mortelle du R. P. Freydier, Supérieur de la Mission catholique de Tamatave, dont la mort si rapide a si péniblement surpris tout le monde, a été accompagnée à sa dernière demeure par la population entière de Tamatave. La population entière n’est point ici une hyperbole, car protestants et libre-penseurs se pressaient autour de son cercueil conjointement avec les catholiques. C’est que le défunt était un de ces hommes rares que la France seule produit, et dont elle fait ses apôtres pour son expansion dans le monde.
Esprit large autant que cultivé, de vues très élevées, très tolérant, libéral même, planant au-dessus de toutes divergences politiques ou religieuses, il se souvenait qu’à l’exemple du Christ, il se devait tout à tous. Pour ce motif, accueillant avec tout le monde, riches ou pauvres, petits ou grands, – petits surtout, – il se donnait sans compter.
Mais en cela même, la lame a usé le fourreau, et comme les soldats au front, il est mort sur la brèche. En effet, n’ayant pas voulu ménager sa santé, ni prendre le repos et les soins nécessaires, son excès de zèle a hâté sa fin, car, avec des ménagements, sa robuste constitution lui aurait permis de vivre encore de longs jours, étant de cette race forte du centre de la France qui, généralement, défie les ans et les maladies.
En même temps qu’une noble figure, c’est un homme de grande valeur qui disparaît et qui sera difficilement remplacé. Possédant une voix puissante, harmonieuse, d’une diction pure, doué en un mot d’un véritable talent oratoire, il ne prononçait jamais, cependant, que des allocutions aux idées claires, précises, pratiques, – telles que l’explication et le commentaire des évangiles, – à la portée de tout le monde, et que les plus simples pouvaient facilement comprendre. Ces allocutions, il les prodiguait et les improvisait avec la plus grande facilité. Il était donc un missionnaire, un apôtre dans toute l’acception du mot, ce qui ne l’empêchait pas d’être en même temps un homme du monde, un gentleman accompli, de relations très agréables. Cela explique la considération et la respectueuse sympathie dont tout le monde l’entourait.
(À suivre.)

Le Tamatave

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