10 juin 2017

Il y a 100 ans : L’avenir de Madagascar (2)

(Suite.)
Or la législation qui régit cette matière dans notre colonie est ce qu’il y a de plus monstrueusement idiot, mauvais et ridicule. La presse, de quelque opinion qu’elle fut, a été unanime à la flétrir de la façon la plus violente. M. Lebureau, impassible, contemple avec satisfaction le malheureux colon se débattant dans les entraves et les pièges que présente cette législation. Le colon !… voilà l’ennemi et cette législation lui permet, d’une chiquenaude, d’envoyer le colon… se faire pendre ailleurs.
Justement ému des plaintes formulées au sujet de cette législation, M. Augagneur chargea M. Rousset de corriger les imperfections du décret du 16 juillet 1897 régissant la matière. Au lieu de cela, ce fonctionnaire rédigea un nouveau décret du 4 février 1911 de cent coudées plus défectueux que le précédent.
Ce fut un tollé général devant le bien-fondé duquel M. Picquié remit l’étude de cette si importante question à une commission présidée par M. Gamon. Devant cette solution, la presse et les intéressés se sont tus, attendant, anxieux, la nouvelle législation.
Il y a déjà quatre ou cinq ans de cela, et comme sœur Anne…
Nos braves colons ont oublié que, lorsque M. Lebureau se trouve en présence d’une question qui l’ennuie, il s’empresse de nommer une commission à qui il en confie l’étude. Tout le monde sait à quoi s’en tenir : la dite question a reçu les honneurs d’un enterrement de première classe. Est-ce là le sort de notre législation foncière ? Avec le Gouverneur général actuel, il y a lieu d’espérer que non.
Nous ne recommencerons point la critique qui en a été faite ; tout le monde la connaît. Nous ne rappellerons qu’un seul point qu’il eût suffi de modifier dans le décret du 10 juillet 1897 pour rendre celui-ci acceptable.
Lorsque, au bout de deux, trois, quatre ans ou plus, le colon a mis en valeur son terrain, – même acheté de la colonie aux enchères publiques, – il doit en demander l’immatriculation et la délivrance du titre définitif.
Or, du jour où avis par affiches est donné au public de cette demande d’immatriculation, les prétendants droits, – qui sont toujours des indigènes, – ont un délai de trois mois pour revendiquer devant les tribunaux la propriété des dits terrains.
(À suivre.)

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 62 titres parus à ce jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire