12 janvier 2017

Il y a 100 ans : Madagascar s’inquiète de l’avenir (3)

(Suite.)
On aurait tort de redouter quelque mauvais vouloir chez le paysan malgache : en effet, aux premiers temps de notre occupation, quand nous croyions devoir faire montre d’autorité, nous nous aperçûmes vite que l’indigène, exception faite pour le Sakalave, se montrait soumis et déférent envers le maître du pays : on lui disait que le « Fanjakana était son père et sa mère », qu’il allait apporter la richesse dans l’île, il le croyait. On lui disait de faire des routes, d’élever des maisons, il s’y prêtait docilement.
Ces indigènes, dépourvus d’initiative, aiment être dirigés ; il est donc facile d’orienter leurs cultures dans le sens désiré.
Le choix des terrains, les essais et le sélectionnement des espèces, etc., doivent être l’œuvre des colons, guidés par les jardins d’essais de la colonie.
Aussi bien, le plus difficile est-il fait aujourd’hui où les vastes rizières des régions côtières donnent des produits justement appréciés.
Pourquoi faut-il que l’essor de notre belle colonie soit entravé par le manque d’argent ? Que n’obtiendraient nos colons vaillants et tenaces si des capitaux abondants venaient soutenir leurs efforts ?
La prospérité de la Cochinchine, grâce à son riz, montre ce que Madagascar est en droit d’espérer de l’extension de cette culture, en dépit de l’élévation du fret et de la rareté des navires.
Le riz de nos colonies d’Extrême-Orient vient jusqu’à Bourbon qui, normalement, ne devrait pas aller chercher si loin un produit qu’elle a si près d’elle. L’Indo-Chine n’y perdrait rien, les débouchés du riz étant illimités.
Ce qui devrait encore encourager les capitaux à prendre la direction de la Grande Île, c’est la situation extrêmement avantageuse de cette colonie, placée à l’intersection de ce que les Anciens appelaient les grandes routes maritimes du monde, parce qu’elles facilitaient les transactions commerciales. Madagascar se trouve à l’un des principaux carrefours.
À quoi sert cette place privilégiée si Madagascar ne peut en profiter, si les navires qui viendront faire escale après la guerre n’y trouvent rien à charger ?
(À suivre.)
Maurice Raoult.

Le Courrier colonial

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