3 janvier 2017

Il y a 100 ans : La crise de la monnaie

On nous écrit :
Tout le monde à Tamatave se plaint de la rareté de la monnaie d’argent, surtout des pièces de cinq francs. Je viens vous faire connaître de quelle façon ces pièces-là disparaissent de la circulation, afin que, par l’intermédiaire de votre vaillante feuille, à votre tour, vous le signaliez en haut lieu.
Tous les jours, sur la place de Tamatave, des Hovas et des Indiens et un ou deux Français que je pourrais nommer, raflent, moyennant une légère prime, la monnaie de toute nature, et toutes les pièces de cent sous qu’ils peuvent découvrir. Chaque semaine cette rafle atteint le chiffre respectable de 100 à 120 000 francs. Par le courrier du mardi soir, cette somme est portée à Tananarive, où elle est mise à la disposition des prospecteurs et négociants moyennant une prime de 2 et demi %. À tel point que les commerçants sont dans l’obligation de majorer d’une pareille somme de 2 et demi % les articles qu’ils vendent, lorsque ceux-ci leur sont payés en papier-monnaie.
C’est là une spéculation honteuse et antipatriotique au suprême chef ; mais il est parfaitement inutile de parler patriotisme à de tels spéculateurs. C’est, pour eux, un mot vide de sens, et qu’ils ne comprennent pas. Je ne me fais pas une idée des mesures qu’on pourrait prendre pour mettre fin à cet odieux commerce.
D’aucuns opinent qu’il serait possible d’imposer le cours forcé aux billets de banque. À mon avis, ce serait une très mauvaise opération qui discréditerait complètement cette précieuse monnaie. On pourrait peut-être procéder d’une autre manière, et, par exemple, démonétiser toutes les pièces de cinq francs sans exception, en accordant aux détenteurs un délai de six mois par exemple pour remettre leurs pièces soit au Trésor, soit aux caisses publiques, passé lequel délai, ces pièces n’auraient plus cours et ne seraient plus reçues. Je gage qu’il ne faudrait pas longtemps pour voir les caisses du Trésor regorger de pièces de cinq francs.
C’est ainsi d’ailleurs qu’après la conquête on a procédé pour la monnaie coupée.
Voilà mon idée. Que celui qui en aura une meilleure la donne, car la situation est intenable, et exige un prompt remède.

Le Tamatave

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