8 décembre 2016

Il y a 100 ans : C’en est trop !

Il a été annoncé par nous hier la nouvelle d’un accident mortel survenu sur une exploitation de graphite.
L’information vaut, à plus d’un titre, d’être mise au point.
Il est mort, sur un toby sis à quelques mètres à peine du chef-lieu d’Andévorante, deux indigènes écrasés par un éboulement de stérile. Deux autres auraient été retirés de la masse de terres les recouvrant en un piteux état. D’aucuns disent qu’ils iront rejoindre dans la tombe leurs deux malheureux camarades qui ne les y auraient devancés que de quelques jours.
Il en est un, du reste, qui les précède tous les quatre, mort écrasé lui aussi sous deux mètres cubes de stérile, il peut y avoir de cela quatre mois environ.
La question se pose pour tous de savoir :
1° Si l’Administration intéressée a été régulièrement prévenue, en son temps, de ce premier accident, et si, après une enquête qui s’imposait alors, elle a pris toutes les mesures nécessaires à en prévenir ou éviter le retour.
2° Et d’une façon générale, si, sur des chantiers où de pareils événements se reproduisent ainsi, à trois ou quatre mois d’intervalle, les règlements édictés par la loi minière en ce qui touche le creusement des tranchées sont observés ou non.
Un fait certain est que, dans le cas actuel, les victimes sont tous de jeunes gens, des enfants presque, exécutant la prestation obligatoire ordonnée par le Chef de la Colonie.
De tels événements sont faits, on peut le croire, pour impressionner beaucoup plus fortement qu’on ne le croit, la population indigène de la région.
On parle trop, depuis quelque temps, de deux ou trois exploitations de notre connaissance.
Nous y reviendrons l’heure venue. En résumé, pour être des indigènes, les malheureuses victimes de ces sortes d’accidents sont des hommes, et la vie humaine est au moins aussi précieuse que celle du premier quart de sang venu, ce dernier portât-il de son vivant le nom connu du Commandeur des croyants. Quand une magnéto claque, on en est quitte pour s’en offrir une autre. Tandis que le pauvre gasy, comme nous du reste, quand il est mort, c’est pour longtemps.
Nous savons bien qu’il n’est pas de réparation civile en matière indigène ; mais il ne faudrait tout de même pas abuser de cette disposition légale.
Et l’Administration est là pour y tenir la main.
E. V.

La Dépêche malgache

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