23 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (8)

(Suite.)
Là, on me demanda si je savais pourquoi j’étais arrêté.
Je répondis que non.
On me l’expliqua, je tombai des nues. Comment ! moi, ancien citoyen français, élevé par les Français, ayant fait toutes mes études françaises, moi que le gouvernement hova expulsa, j’aurais travaillé à restaurer un gouvernement qui m’avait mis dehors.
Tous mes faits et gestes ont été contrôlés par mes supérieurs qui ont été les témoins de mes actes.
On me mit en cellule.
Au commencement de janvier, j’ai été, comme les autres, appelé à Ambatovinaky devant le juge d’instruction.
« De qui est cette lettre, me dit-il. – C’était une lettre de mon frère, chef de gare à Mahatsara. – Que signifient ces expressions : Bénie soit ta bouche pour ce que tu m’annonces ? – Il s’agissait d’un avancement promis par son patron. »
Cette explication ne parut pas rassurer le magistrat. Quelques jours après, le juge d’instruction me fit savoir qu’il y avait une légère différence entre mon frère et moi. Dans la suite, on n’a pas insisté.
La deuxième lettre était la lettre du frère Jullien. Je n’ai plus à en parler, l’incident est clos. On me montra ensuite un carnet sur lequel il y avait des mots comme ceux-ci : Incendie, concession, côte. J’ai répondu qu’à mon dernier voyage en Belgique, je cherchais des fonds pour la mission, j’ai donné des conférences à Liège, Anvers, Arlon. J’avais pris quelques notes.
On me montra ensuite une pièce constatant que j’étais abonné au Mavaza. Sur ce point voici mon explication. Un numéro était tombé entre les mains de notre évêque ; il contenait des explications sur des proverbes malgaches.
Monseigneur me dit : « Je vais prendre un abonnement, cela pourra servir. » Un Père, en effet, achève un fort volume où un grand nombre de proverbes malgaches sont recueillis et commentés.
À propos de ce journal, j’ai fait remarquer qu’il était le mieux rédigé.
On me parla aussi de la Société Ste Cécile. Ce n’est pas une société, mais un simple patronage, groupe affilié à une société autorisée par M. le Gouverneur Général. Ce qui intrigua, c’étaient des initiales figurant sur les papiers. Elles signifiaient : garde générale du Sacré-Cœur. Cette association a été autorisée sous la surveillance des curés.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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