17 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (5)

(Suite.)
Après la lecture de ce document, le Président fit appel à l’auditoire européen, l’invitant à ne manifester ni dans un sens ni dans un autre.
C’est donc contre les avocats-défenseurs des accusés que ces manifestations ont eu lieu, et ce sont des Européens qui en sont les auteurs.
Lundi, les témoins ont commencé à défiler. Ce ne sont pas des témoins, dit la défense, mais des co-accusés, du compartiment inférieur ajouterons-nous. C’est entendu, dit l’accusation, mais nous recueillerons leurs dires et en tirerons toutes conclusions utiles.
Les premiers, Rajohnson et Randrianasy, ont parlé de révolte, d’armes, de munitions, de Japonais, d’Américains et de beaucoup de choses qui soulevèrent les protestations de Ravelonahary et de Raboanary, particulièrement visés dans ces dépositions.
Accusations, démentis, sottises, tout cela s’entrecroisa pendant un certain temps. « Mon cher ami, dit Raboanary à Randrianasy, tu auras beau faire et nous accuser, tu ne t’en tireras pas. » Et le cher ami de taper dur sur Ravelonahiny, à sa droite, et sur Raboanary, à sa gauche.
Puis, on entendit Ramaroson, Rajoefara, le planton du Tribunal de Fianarantsoa, qui, lui aussi, eut maille à partir avec les mêmes, Ravelonahiny et Raboanary. Puis, Raharison, tailleur aussi insignifiant que possible, c’est un Sakelika pourtant, mais celui-là ne dit pas qu’on le menaça de mort s’il n’adhérait pas tout de suite à la société. D’autres, paraît-il, auraient été menacés (nous n’affirmons rien, nous ne disons que ce qui a été déclaré à l’audience). Voici Rabehasy, instituteur, qui était de la société secrète, mais qui eut des ennuis parce que cette société était secrète, qu’il fallait obéir aveuglément à des chefs inconnus…
Voici… Ah ! cela est plus grave ! S’il est vrai que la vérité sort de la bouche des enfants, ils nous en ont appris de belles. Lisez plutôt : « La société était anti-française. Le 31 décembre, on devait donner à chacun sa consigne et leur faire connaître le Vazaha qui serait confié à leurs soins… » Bref, Randriamanantoanino et Razafindrazaka, élèves de l’école d’Ambohijatovo, répétèrent tant de choses entendues, que le Président ne put s’empêcher de dire : « Ils étaient sanguinaires, les élèves de cette école ! »
(À suivre.)

Le Tamatave

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