13 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (3)

(Suite.)
La séance prenait fin sur une embrassade générale et des serrements de main.
Les affiliés se dispersaient un par un, observant la même prudence qu’à l’arrivée.
À l’extérieur, les affiliés avaient un signe de reconnaissance, ils déboutonnaient leurs vestons et les reboutonnaient.
Ceux qui portaient le lamba l’écartaient de leurs épaules et le rejetaient négligemment.
Les sections n’étaient pas en relation les unes avec les autres et les affiliés étaient avisés par leurs chefs directs qu’ils ne verraient jamais. On se bornait à leur donner des noms ; les affiliés devaient donc croire sans voir.
D’après certains documents, certaines pièces, la Grande Puissance de cette association, celui qui personnifiait le Grand Chef, devait, au moment de l’action (!), se présenter aux yeux du peuple ébloui, porteur d’un énorme bracelet d’or et une plaque de même métal suspendue par une chaîne d’or.
Les affiliés, ajouterons-nous, correspondaient entre eux à l’aide d’un système assez bien imaginé, combinaisons de l’alphabet.
Jusqu’à la troisième audience, les interrogatoires des inculpés se suivent, identiques peut-on dire, d’une façon monotone.
Au cours de cette troisième audience, MMes Favre et Baudin demandent la liberté provisoire du Frère Jullien, contre qui n’est relevée aucune charge. Le Tribunal la refuse.
Alors, au début de la quatrième audience, MMes Favre et Baudin ont présenté au Tribunal la requête suivante :
Requête
À Messieurs le Président et Membres du Tribunal du 2e degré, siégeant au criminel.
Les soussignés ont l’honneur de vous exposer :
Que ce matin, à l’audience, il a été constaté que le Frère Jullien n’était point coupable de l’accusation qui pesait sur lui.
Que si, dans la lettre dont il est l’auteur, il existe des expressions blessantes pour des missionnaires, ces expressions ne pourraient constituer que des injures pour lesquelles le Frère Jullien n’est pas poursuivi, que, au surplus, le délit d’injures, existât-il, il ne serait passible que d’une peine légère, de beaucoup inférieure à la longue prévention qu’il a subie et en tout cas depuis longtemps prescrite.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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