10 janvier 2016

Il y a 100 ans : Encore les tavy (2)

(Suite et fin.)
Le riz terminé sans en avoir gardé un grain pour sa provision de l’année, l’ouvrier, poussé par la faim, revient au chantier où, poussé par les engagements à remplir, je suis obligé de le reprendre.
Quand l’employé chargé de la perception des impôts se présente, il trouve que mon ouvrier est en retard de plusieurs mois, retard qu’il lui est impossible de payer d’un coup. Dans cette situation, l’ouvrier souvent déserte le chantier pour se réfugier dans la forêt, à l’abri du fisc ; de là un résulte clairement que pendant que l’Administration constate un déficit dans la rentrée des impôts, moi, de mon côté, je me trouve dans l’impossibilité, faute de main-d’œuvre, de donner à mon exploitation l’envergure qu’elle comporte.
Ainsi, grâce aux tavy, nous sommes tous les deux également lésés.
Mais il y a autre chose. Le chef de district qui, se conformant aux instructions de M. le Gouverneur Général, refuse le tavy aux indigènes gagnant largement leur vie et celle de leurs familles sur les chantiers voisins, voit sa circonscription désertée par des indigènes qui vont s’installer dans le district dont le chef, plus complaisant, leur permet l’usage des tavy.
Conclusion qu’il est à peine besoin de mettre en relief : perte sèche pour le fisc ; perte sèche pour nos richesses forestières ; perte sèche pour moi qui vois mon chantier abandonné.
Est-ce ce triple but que veulent atteindre les partisans des tavy ??…
Un prospecteur.
Le Tamatave

Les tavy

La récente circulaire de M. le Gouverneur Général sur les « tavy » aurait paraît-il été mal interprétée dans certaines provinces et, à la suite d’autorisations trop libéralement accordées, de nombreux indigènes auraient déserté, du jour au lendemain, les exploitations ou chantiers sur lesquels ils étaient employés pour se livrer à la culture du riz.
Ce fait ayant été signalé au Chef de la Colonie, on nous assure que de nouvelles instructions ont été données pour que les tavy soient complètement supprimés.
Nous donnons cette nouvelles sous toutes réserves.

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 42 titres parus à ce jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire