2 décembre 2015

Il y a 100 ans : Le port de Tamatave (1)

Décidément les Dieux sont contre le port de Tamatave. Après de longues, bien longues années d’une gestation difficile, pénible, le projet de ce port allait être mis en exécution, et il en avait même reçu un commencement, lorsque les événements sont venus se mettre en travers.
Vaguement entrevu par le Général Galliéni, repoussé par M. Augagneur qui ne voulait pas en entendre parler, pour des raisons très plausibles, il avait été mis sur pied et rendu viable par M. Picquié, qui avait eu la présence d’esprit de tourner les difficultés devant lesquelles s’était arrêté son prédécesseur, en faisant procéder à son étude par une personne compétente et expérimentée, mais étrangère à la colonie.
Enfin ce malheureux projet avait eu la bonne fortune de voir arriver, à la tête de la colonie, un homme qui, joignant à ses connaissances techniques une très grande activité, avait pris à cœur de faire construire ce port avec le plus de rapidité possible ; mais les circonstances, brutalement, sont venues s’y opposer, et les travaux sont arrêtés, sine die.
D’aucuns prétendent que cet arrêt a été motivé par la campagne que mènent encore contre le port dans le récif à la pointe Hastie par les promoteurs du port aux Manguiers. Il n’en est rien, car il n’y a pas d’esprit moyennement pondéré qui se refuse à reconnaître les difficultés sans nombre auxquelles se heurterait la construction de ce dernier port, – difficultés absolument insurmontables, et qui l’ont fait rejeter d’emblée par ceux qui ont été appelés à l’étudier. D’ailleurs nous ne manquerons pas de les rappeler si cela, par hasard, devenait nécessaire.
Mais le motif est tout autre. C’est le ministère lui-même qui a ordonné momentanément l’arrêt des travaux déjà en voie de commencement, et cela jusqu’après la conclusion de la paix.
Malgré la contrariété que tout le monde ici peut en éprouver, il faut convenir que les motifs exposés par le département, pour justifier sa décision, sont des plus plausibles et auxquels on ne peut qu’applaudir.
D’abord se présente la difficulté de se procurer en Europe les matériaux de toute nature nécessaires à la construction de ce port.
(À suivre.)

Le Tamatave

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