15 décembre 2015

Il y a 100 ans : L’Agence Mouchard & Cie (1)

Calomniez ! calomniez ! il en restera toujours quelque chose, telle est la devise des membres de cette honorable société qui, sous un soi-disant noble prétexte et sous forme de servir la justice, commettent des actes inqualifiables de mouchardise, pour satisfaire leurs rancunes personnelles, ne craignant pas de recourir à l’arme si vile et si lâche qu’est la lettre anonyme pour assouvir leur haine.
Ne pensez-vous pas que ces désœuvrés, ces envieux, ces mouchards seraient mieux dans les tranchées à tirer sur les Boches que de s’assembler, de se concerter et de fabriquer des lettres anonymes pour tuer la réputation d’honnêtes gens.
Si l’esprit de délation les hante, qu’ils se fichent donc dans le service de l’espionnage, ils pourront alors donner libre cours à leurs instincts et montrer leurs aptitudes spéciales.
Voici en quelques lignes un de leurs derniers exploits.
Il y a quelque temps, des lettres anonymes habilement cuisinées étaient adressées à Tananarive. Des fonctionnaires chargés d’intérêts spéciaux étaient formellement accusés d’avoir enlevé ou, si vous aimez mieux, volé des objets de literie, des effets usagés, des vins, liqueurs et autres boissons.
Ces dénonciations calomnieuses et anonymes si bien manigancées ont eu pour résultat d’obliger le Parquet à ordonner une enquête : des fonctionnaires d’une correction absolue et d’une honorabilité bien connue de tous et visés dans ces lettres anonymes ont été interrogés et par le fait suspectés.
Des constatations ont été faites et somme toute, après de minutieuses vérifications, la Justice a dû s’incliner devant l’innocence de ceux qui avaient été si lâchement accusés.
Notez que, pour cette enquête, on a dérangé un magistrat et un greffier de Tananarive. Et l’on a bien fait, la suite le prouvera ; en effet, on n’avait pas craint ici de faire pression sur de malheureux indigènes en les menaçant pour les obliger à faire des dépositions mensongères et à accuser injustement les fonctionnaires désignés dans les lettres anonymes et objets de l’enquête.
C’est une honte et un crime en même temps.
(À suivre.)

La Dépêche malgache

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