2 septembre 2015

Madagascar dans la rentrée littéraire (1)

Le hasard fait bien les choses : Douna Loup et Michaël Ferrier ont sorti la semaine dernière leurs nouveaux romans, qui tous deux ont Madagascar pour cadre. Madagascar sous régime colonial, pour l’essentiel, bien que Michaël Ferrier prolonge son récit jusqu’en 1972 tandis que Douna Loup l’arrête en 1924.
Nous les avions interrogés sur leurs livres, avant leur parution. Douna Loup était dans la Drôme, Michaël Ferrier à Tokyo. Mais qu’importent les distances puisque Madagascar réunit, par le biais de la fiction, ces deux auteurs qui ne se connaissaient pas. (Ils se rencontreront la semaine prochaine, réunis à la Librairie Gallimard à Paris.)
L’oragé, de Douna Loup, met en scène un Rabearivelo plein de fougue et d’ambition. Dans une belle langue poétique, entrecoupée d’extraits d’articles contemporains du roman, l’écrivaine fait le portrait vivant d’un jeune homme appelé par la passion de la littérature. Les années de formation, replacées dans le contexte local, modifié par les événements internationaux – la Grande Guerre –, sont envisagées rapidement mais avec lucidité. Puis un deuxième personnage entre en scène : Esther, qui signe Anja-Z les textes qu’elle écrit en malgache, exclusivement en malgache, devient le centre du livre. Elle éclaire Rabearivelo, avec qui elle nouera une belle complicité humaine et littéraire bien que leurs points de vue sur le monde s’opposent parfois.

Dans Mémoires d’outre-mer, Michaël Ferrier part de l’histoire de son propre grand-père, enterré à Mahajanga où il était arrivé en 1922 avec le Cirque Bartolini dans lequel il était acrobate. Il va y passer un demi-siècle pendant lequel l’écrivain en profite pour jongler, comme un artiste de cirque lui aussi, avec quelques éléments d’information sur Madagascar, l’océan Indien et les circonstances historiques qui pèsent sur la région. On y apprendra bien des choses sur le Projet Madagascar, par exemple, ou sur la résistance qui s’organise du côté de Mahajanga pendant la Seconde Guerre mondiale. Surtout, on suit la trajectoire sautillante d’un homme dont la vie était un roman – il suffisait de l’écrire, c’est fait et avec talent.

Demain, l'entretien avec Douna Loup.

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