1 juin 2015

Il y a 100 ans : M. Garbit à Majunga (4)

(Suite.)
Je suis revenu dès que je l’ai pu dans cette ville qui évoque en moi tant de souvenirs anciens. J’y suis revenu non pour vous faire une visite officielle avec l’apparat traditionnel, qui n’aurait pas été de circonstance en l’heure présente. Je ne suis pas venu non plus pour vous exposer un programme électoral, je ne considère pas que Madagascar soit mon fief ni ma propriété et que j’y possède des électeurs dont il m’importe de conserver les suffrages.
Je suis venu tout simplement pour causer, en ami, des choses qui vous intéressent, qui intéressent votre région, et qui, par conséquent, doivent intéresser l’administration.
J’ai rencontré parmi vous, mandants des trois assemblées locales, un esprit dont je ne puis que vous féliciter, bien que M. Orsini l’ait qualifié d’un peu frondeur, j’ai constaté que vos propositions, vos demandes étaient mûrement réfléchies et étudiées. M. Orsini vous a dit que j’ai dès maintenant retenu un certain nombre d’entre elles ; je ne vous les énumérerai pas.
Je ne suis pas venu vous faire des promesses. Ce que fait l’administration, c’est donc qu’elle doit le faire et vous ne lui devez aucune reconnaissance, ne l’oubliez pas, elle le fait avec l’argent des contribuables, avec le vôtre, par conséquent. Ce qu’elle vous donne, elle commence par vous le prendre. Son rôle n’est pas de créer des ressources, mais de coordonner celles dont elle dispose et de les employer au mieux de l’intérêt général.
Les conditions d’organisation économique de ce pays sont particulièrement difficiles : il compte une étendue de près de 600 000 kilomètres carrés pour une population de trois millions d’habitants. Or, si les charges nécessaires à sa mise en valeur (routes, télégraphes, services publics de transports, etc.) sont proportionnels à son étendue, les ressources dont il dispose sont, au contraire, proportionnelles à sa population, en admettant même qu’il ait le moyen d’effectuer de vastes réseaux de routes, où il atteindra la limite de sa puissance d’entretien.
 (À suivre.)

Les Annales coloniales

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