8 avril 2015

Il y a 100 ans : L’importation des bœufs de Madagascar compromise par les députés de la Réunion (3)

(Suite.)
Suivant eux, le ministère de la Guerre, à qui on avait demandé d’envoyer un représentant, n’avait pas le droit d’en envoyer deux et ils demandaient, d’autre part, que l’unique représentant de la Guerre ne fût pas M. Mury. Or, selon toute vraisemblance, si le gouvernement fait venir des bœufs de Madagascar, c’est la Guerre qui passera des contrats avec des particuliers ou qui organisera elle-même cette importation. Ce n’est donc pas un, ni même deux, mais trois ou quatre représentants que le ministère de la rue Saint-Dominique aurait dû avoir dans cette Commission qui compte une quinzaine de membres.
D’aussi inqualifiables procédés se passent de commentaires. MM. Boussenot et Gasparin prouvent ainsi qu’ils veulent bien rendre service à Madagascar, mais à la condition qu’eux seuls en retirent avantage auprès des Malgaches. Pour y parvenir, ils n’hésitent pas à compromettre le succès de l’œuvre commune.
En effet, ils ne sont pas sans ignorer que les milieux administratifs se montrent très hésitants pour se lancer dans une pareille entreprise et que l’accord de tous les coloniaux est indispensable si on veut lui assurer le maximum de chances de succès. Or, notre directeur avait, non seulement éclairé la Commission sur bien des points, fait entendre des gens compétents, mais encore démontré aux services intéressés de la rue Saint-Dominique, plutôt sceptiques en la matière, qu’il fallait attacher une réelle importance à la question.
M. Francis Mury a trop de dédain à l’égard de ses adversaires pour ne pas continuer, sur tous les terrains, la campagne qu’il a commencée en faveur de l’importation des bœufs de la Grande Île, il y a sept ans ; mais les membres de la Commission, les administrations intéressées, qui connaissent et apprécient, comme elles le méritent, toutes ces mesquineries, inclineront inconsciemment à englober, dans la même sévérité de jugement, et le projet lui-même, et ceux qui en poursuivent la réalisation, non dans l’intérêt général, mais dans leur intérêt personnel. La responsabilité de MM. Boussenot et Gasparin sera ainsi fortement engagée en cas d’échec.
 (À suivre.)
Maurice Raoult.

Le Courrier colonial

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