12 avril 2015

Il y a 100 ans : Cour criminelle de Tamatave (2)

(Suite et fin.)
Il râlait encore en ce moment mais il expira en quelques minutes des suites de l’hémorragie causée par les coups de couteau. Cette fois, Belalahy dit qu’ils avaient été tous les deux attaqués par des brigands et que lui seul avait pu se sauver. Il n’avoua la querelle qu’il avait eue avec son patron que lorsqu’on lui fit remarquer que les bagages étaient à cent mètres plus loin, et que l’argent était dans la poche de son patron ; des voleurs auraient emporté tout cela.
Il fut appréhendé et conduit à la prison de Tamatave. Interrogé sur ses aveux contradictoires, il répondit qu’il avait eu peur.
À l’audience, le ministère public, après avoir exposé les faits, déclara qu’il ne voyait aucune circonstance atténuante car la preuve de préméditation pouvait être fondée, puisque l’indigène connaissait la valeur de la somme que portait le Chinois et qui lui avait été remise en sa présence, puisque le crime s’était commis dans un endroit solitaire et couvert par les bruits des vagues, puisque l’indigène avait caché les bagages et faisait des déclarations contradictoires. De plus, les crimes s’étant multipliés depuis un certain temps, il fallait appliquer des peines sévères pour en arrêter le cours.
La défense fit remarquer qu’on ne devait pas regarder les circonstances qui avaient précédé mais celles qui avaient suivi le prétendu crime. L’attitude de Belalahy n’était nullement celle de quelqu’un qui a volé pour assassiner, s’il y avait eu préméditation, Belalahy n’aurait pas avisé le village, il se serait sauvé après avoir tout emporté, et il aurait pu le faire facilement par voie de mer. De plus, il n’avait aucun intérêt à assassiner son beau-père Tang-Ti, car un brillant avenir s’ouvrait devant lui. Si on voulait punir des criminels, il fallait punir ceux qui le sont réellement.
Enfin, le Chinois, étant l’agresseur, est aussi coupable que lui, et le Malgache qui a reçu des coups dont il porte encore la trace aurait pu tout aussi bien rester sur le carreau.
La cour, après avoir délibéré, a condamné Belalahy à 10 ans de travaux forcés pour coups et blessures ayant déterminé la mort.
Le Tamatave

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