5 février 2015

Il y a 100 ans : La route de Tamatave à Melville et le canal de Vatomandry à Tamatave (10)

Lettre d’un colon
(Suite.)
Je vous disais que le drainage et l’assainissement de la plaine qui entoure la ville de Tamatave auraient dû être exécutés depuis longtemps, immédiatement après la conquête. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? Je ne perdrai pas mon temps à l’expliquer.
On ne peut nier que Tamatave soit le port de débarquement le plus important de l’île. C’est sur son quai qu’abordent les colons et prospecteurs qui se rendent sur les hauts plateaux et sur une bonne partie de la Côte Est.
Veulent-ils explorer la banlieue de Tamatave ? Impossible ! Pas un brin de route, pas même un chemin de fortune pour traverser les marais, lagunes et rivières qui partout barrent le passage. Par suite, pas de colonisation possible dans toute cette étendue. Et cependant, partout, dans toutes les colonies, c’est aux environs des villes, et surtout des ports de mer que la colonisation intensive se pratique avec le plus de succès.
Ici, à Tamatave, rien ! pas moyen de sortir de l’enceinte de la ville. Les colons qui se sont établis sur la route de l’Ivoloina, bien que possédant une belle voie de communication, voient leurs efforts colonisateurs paralysés par cette barrière infranchissable, la lagune, le marais !…
Ce ne sont que des terres sans valeur, s’écrie M. Lebureau, des sables qui ne permettent et ne permettront jamais aucune culture coloniale ; le café, le cacao et la vanille ne feront qu’y végéter sans donner de bénéfices. Par suite il est parfaitement inutile de perdre le temps et l’argent à les drainer et à les livrer à la colonisation.
Vrai !!
Ineffable M. Lebureau ! Une colonie d’une grande étendue comme celle de Madagascar, qui ne cultiverait que du café, du cacao et de la vanille, serait fatalement vouée à une ruine complète !
La vie économique d’un peuple exige bien d’autres produits qui tous ont leur importance et leur valeur relative, et qui tous contribuent à des titres divers au développement du pays et à sa prospérité.
(À suivre.)

Le Tamatave

Madagascar en 1914 est en préparation, Madagascar en 1913 est disponible dans une édition numérique revue et corrigée.
Et la Bibliothèque malgache s'ouvre à de nouvelles collections, avec quatre premiers titres disponibles sur la nouvelle page d'accueil du site.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire