1 octobre 2014

Il y a 100 ans : Les crocodiles malgaches (4)

(Suite.)
C’est dans cette chambre circulaire que le crocodile passe la plus grande partie de la saison fraîche, sans d’ailleurs qu’il y soit plongé en léthargie, car il suffit d’un beau jour pour qu’il en sorte et vienne s’étaler paresseusement sur sa plage. Il n’y est pas seul d’ailleurs et bien souvent en commensal, une tortue d’eau douce, que maître crocodile avale bien lorsqu’elle est jeune mais que sa carapace lui fait ensuite respecter, vient cohabiter avec lui. Ces tortues, en effet, ayant des mœurs analogues, profitent de ce gîte si sûr et il arrive parfois que son propriétaire y repose sur un vrai lit de tortues endormies. Les Sakalaves de l’Ouest n’ignorent rien de cette étrange association et ce sont eux-mêmes, au cours d’une chasse aux tortues, qui m’ont fait pour la première fois connaître la curieuse habitation du mamba et ses hôtes divers.
Le crocodile malgache ne mange presque pas pendant tout le cours de la saison fraîche. La chasse alors n’étant guère fructueuse et la température plus basse rendant ses mouvements plus lents, il passe ce moment de l’année à sommeiller immobile dans son antre, n’en sortant que les beaux jours pour venir faire au soleil d’interminables siestes. C’est sans doute pour tromper la faim et calmer les affres d’un si long jeûne qu’il engouffre alors les galets de quartz et les matériaux hétéroclites que j’ai trouvés dans tous les estomacs de crocodile que j’ai ouverts en cette saison.
Dès les premières chaleurs, dès que les premiers orages de la fin de septembre ou du commencement d’octobre ont troublé l’eau des torrents, il s’éveille et se met furieusement en chasse. Le gibier qu’il poursuit est très varié, mais ses moyens d’action sont en somme limités, et, par suite, les ruses qu’il doit employer sont sans nombre. La plupart de ses proies, les plus petites, celles qu’il avale toutes rondes et toutes vives, habitent l’eau, son élément de prédilection, celui où il peut déployer toute sa puissance et toute sa force. Ce sont des tortues, de jeunes crocodiles, des poissons et des oiseaux aquatiques. Tortues et crocodiles ne sont des proies faciles que lorsque ces animaux sont très jeunes. Plus tard, les longues dents des uns et l’épaisse carapace des autres leur ôtent toute comestibilité.
(À suivre.)
Perrier de la Bathie.

Bulletin de l’Académie malgache


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