19 septembre 2014

Il y a 100 ans : L’exode des Mauriciens vers Madagascar (2)

(Suite.)
La lutte fut ardente entre le clan anglais et le gouverneur ; celui-ci réussit néanmoins à doter la colonie d’un Conseil législatif, partiellement élu, destiné à continuer son œuvre.
Il quitta Maurice après avoir subi une enquête royale dont il se tira à son honneur.
Après son départ, le Colonial Office, dans un but d’apaisement et sur les instances des nouveaux députés locaux, laissa ses successeurs continuer à nommer des Franco-Mauriciens aux emplois élevés dans l’administration.
Mais, depuis les dernières élections législatives qui ont donné lieu à des rixes sanglantes, les noirs ayant décidé de massacrer tous les blancs, qui échappèrent par miracle, la situation s’est modifiée.
Ce qu’on appelle à Maurice « le parti démocrate » réclama l’envoi dans l’île d’une commission royale d’enquête et les effets de la venue des commissaires royaux commencent à se faire sentir : peu à peu, les hauts fonctionnaires mauriciens sont remplacés par des Anglais, et déjà sont désignés les successeurs de ceux qui restent.
Pour justifier ce retour en arrière, le Colonial Office donne comme prétexte que les Mauriciens ne peuvent s’entendre entre eux : afin de les mettre d’accord, l’Anglais joue le rôle du… troisième larron ! On feint, à Londres, de ne pouvoir point distinguer entre les éléments d’ordre, constitués par la population blanche et la partie éclairée de la population de sang mêlé, d’une part, et les éléments d’anarchie composés de la masse des noirs et des Hindous dits mauricianisés, d’autre part.
L’Angleterre reprend son vieux rêve de rendre le séjour de l’île impossible à l’élément français ; n’ayant pu l’éliminer au bénéfice de l’élément anglais, elle tente de lui substituer l’élément hindou : aux british-born, tous les hauts emplois administratifs ; aux Hindous, le sol qu’ils accaparent peu à peu, grâce au concours des maisons de crédit anglaises qui leur facilitent l’achat des terres. Une statistique récente montre que les petits planteurs hindous possèdent déjà pour plus de 30 millions de biens fonciers ; ils cultivent surtout la canne à sucre qu’ils font traiter dans les usines voisines, en attendant qu’ils s’y installent eux-mêmes.
 (À suivre.)
Francis Mury.

Le Courrier colonial


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