29 septembre 2014

Il y a 100 ans : Les crocodiles malgaches (2)

(Suite.)
Par suite, les notes que je condense ici s’appliquent aux crocodiles malgaches en général et non à l’une ou l’autre espèce en particulier. Au fond d’ailleurs, cela n’a pas d’importance puisque, d’après nombre d’auteurs, les mœurs des deux espèces ne paraissent pas différer.
En malgache, le crocodile est appelé mamba ou voay. Le premier de ces vocables est plus souvent employé dans le centre, et le second chez les peuplades de l’Ouest, mais tous deux sont connus partout et certaines tribus de l’île désignent par mamba les crocodiles adultes et par voay ceux qui sont plus jeunes. Mamba ou voay sont abondants dans tout Madagascar. Il n’est pas de ruisseaux, d’étangs, de cours d’eau, de simples mares, pour peu que la profondeur en dépasse 1 mètre, qui ne soient habités par un ou plusieurs de ces sauriens. Ils abondent dans les grands lacs et les grands fleuves de l’Ouest, surtout dans les bassins de la Betsiboka et de la Tsiribihina, qui semblent bien être leur habitat de prédilection. Au reste, la distribution géographique de l’espèce dans l’île est facile à résumer en deux traits. Elle manque au-dessus de 1 000 mètres d’altitude et, plus bas, devient d’autant plus commune que les eaux douces et profondes sont plus abondantes et que la température est plus chaude.
Les œufs de crocodile sont généralement pondus aux premières chaleurs d’octobre, dès que les premiers orages de la saison chaude ont troublé l’eau des cours d’eau. La femelle alors sort de l’onde et recherche aux environs une plage de sable bien ensoleillée, que ne visitent pas trop les mâles de son espèce. Après plusieurs essais successifs, elle finit par creuser un trou de plus de 1 mètre de profondeur au fond duquel elle pond de douze à trente œufs. Elle rebouche ensuite soigneusement cette cavité, tasse le sable au-dessus en pesant de tout son corps, puis abandonne la couvée à elle-même, sans d’ailleurs s’éloigner bien loin. Quinze ou vingt jours après, les jeunes caïmans, qui ont alors 12 à 15 centimètres de long, sortent péniblement de leur tombeau de sable et se répandent dans les cours d’eau en évitant d’instinct les endroits trop profonds où leurs frères plus âgés les avaleraient sans remords.
(À suivre.)
Perrier de la Bathie.

Bulletin de l’Académie malgache


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