13 août 2014

Il y a 100 ans : Les méfaits des sorciers de Madagascar

En dépit des progrès de notre civilisation dans la Grande Île, malgré tous nos efforts pour mettre un terme aux escroqueries des sorciers, tant ombiasy que sikidy, leur influence n’a guère diminué chez les indigènes.
Voici une récente histoire de bœufs qui va donner une idée des procédés de ces dangereux charlatans.
Un Malgache, en se mariant, avait donné à sa femme deux bœufs en dot ; celle-ci les confia à son père, habitant un village éloigné d’une demi-journée à peine de leur résidence.
Peu de temps après, ils apprirent que les deux bœufs avaient disparu. Le frère de la femme était venu leur en apporter la nouvelle. Le ménage, très affecté, se hâta de se rendre sur les lieux pour essayer de retrouver les animaux. N’y pouvant parvenir, il s’adressa à l’ombiasy.
Celui-ci conduisit le mari et la femme, accompagnés du frère de cette dernière, devant le troupeau paternel.
— Mais les voici vos bœufs, s’écria-t-il, montrant le troupeau ; je les vois là, devant moi.
Les autres eurent beau écarquiller les yeux, ils ne voyaient que les bœufs du père et du frère, mais pas les leurs.
L’ombiasy paraissait stupéfait ; puis il s’écarta un instant, se recueillit et comme sous le coup d’une subite inspiration :
— Je sais, dit-il à la femme, pourquoi ni toi ni ton mari vous ne pouvez voir vos bœufs ; tu as commis une faute à l’égard de ta mère en n’en sacrifiant pas un à ses mânes quand ton mari te les a donnés. Tant que tu n’auras pas réparé cette faute, tu ne les reverras pas.
Les malheureux, convaincus de l’exactitude de cette histoire, s’empressèrent d’acheter un autre bœuf, fourni d’ailleurs par l’ombiasy lui-même, de le sacrifier aux mânes irrités de la belle-mère et, ayant pu « revoir » leurs bestiaux, de rémunérer largement l’ombiasy ; celui-ci, d’ailleurs, partagea avec le frère, son complice.
Dans tous les pays du monde, de tels procédés constituent des escroqueries et sont punis par les lois.
Il serait nécessaire qu’à Madagascar des exemples sévères y mettent un terme.

Le Courrier colonial


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