13 juin 2014

Il y a 100 ans : Les frasques de M. Lebureau à Madagascar (3)

(Suite et fin.)
C’est cette haute conception de l’initiative personnelle, ce souci de ne pas tolérer l’intervention des « officiels » dans ses affaires qui fait le succès du colon anglais. Beaucoup de cadets de lords, voire même des miséreux « bons pour un shilling à Londres », vont s’établir aux colonies et reviennent millionnaires quelques années après sans avoir réclamé à l’administration autre chose que la protection de police due par tout État à ses ressortissants.
On cite le cas d’un cadet des ducs de Manchester qui, ayant perdu son douaire au jeu, obtint de son aîné 50 livres sterlings, soir 1 250 francs pour tout viatique.
Avec cette faible somme il prit passage à bord d’un paquebot d’émigrants et se rendit en Australie. À l’heure actuelle, il est l’un des plus puissants éleveurs du continent australien et ses domaines ont une valeur double, au moins, de ceux de son frère resté en Angleterre, qui sont pourtant considérables !…
Mais, et nous ne saurions trop insister sur ce point, si le colon anglais entend mener ses affaires à son gré, en revanche, il compte sur l’État pour le tirer d’affaire quand il est victime d’accidents de force majeure. Il existe même dans plusieurs grandes colonies anglaises un fonds spécial dénommé « Emergencies fund », destiné à venir en aide aux colons malheureux, pourvu que leur misère ne leur soit pas imputable.
En attendant que les revenus de nos grandes colonies laissent un excédent de recettes qui permettra de créer un « Fonds pour les imprévus », l’administration coloniale a le devoir de prêter assistance aux colons laborieux, de les aider à surmonter des difficultés temporaires quand ils ont fait leurs preuves et que les cyclones, par exemple, ont dévasté leurs exploitations.
Mais, pour que ce geste de générosité et d’équité soit efficace il faut qu’il soit spontané et surtout rapide ; il faut bouleverser les traditions de routine, chères à M. Lebureau, et, même s’il doit en faire une maladie, le contraindre à donner son aide au moment où elle a toute son utilité.
Paul Desloy.

Le Courrier colonial


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