10 juin 2014

Il y a 100 ans : Les frasques de M. Lebureau à Madagascar (1)

Un ministre à qui un député reprochait de n’avoir pas tenu ses promesses, répondait : « J’ai donné des ordres, cher ami, mais les ministres ne sont pas toujours les maîtres chez eux, il y a les bureaux ! »
Ce n’est pas seulement en France que ces derniers entravent les meilleures initiatives : ils ont également introduit aux colonies leurs méthodes routinières et paperassières. Nous en avons eu un exemple mémorable lors de la catastrophe de la Martinique. Sans les envois des États-Unis, les sinistrés auraient pu mourir de faim avant d’avoir reçu les secours que la mère-patrie avait pourtant accordés avec générosité. Et bien que douze années se soient écoulées depuis lors, nous ne sommes pas bien sûr que la distribution des fonds souscrits en faveur des victimes du Mont Pelé soit terminée à l’heure actuelle.
Si ces retards attirent l’attention publique quand il s’agit d’aussi terribles catastrophes, ils frappent évidemment moins l’esprit lorsque les circonstances sont moins graves ; mais ils n’en causent pas moins de graves préjudices à nos possessions d’outre-mer et à ceux qui les mettent en valeur.
Et voici un exemple tout récent qui mérite d’être raconté :
Un colon du nord de Madagascar, victime du cyclone de novembre 1912, avait vu ses plantations dévastées. Sa concession était bonne, le sol fertile, il ne lui fallait qu’un petit capital pour se relever, remettre son domaine en état et attendre la prochaine récolte qui le tirerait d’une situation critique.
Il fait donc une démarche auprès de l’administration et réussit à obtenir la promesse d’un prêt hypothécaire, largement couvert par sa propriété.
Cela se passait en novembre 1913, un an après le cyclone : les formalités sont remplies aussi rapidement que le permettent les lenteurs bureaucratiques ; et l’hypothèque est prise le 7 février 1914. Il ne reste plus qu’à libeller le mandat et à le remettre à l’intéressé. Or, à la date du départ du dernier courrier, soit le 3 avril, il n’avait encore rien vu venir : certaines formalités ultimes, non remplies, s’y opposaient !
(À suivre.)

Le Courrier colonial


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