6 juin 2014

Il y a 100 ans : Le P. Roblet de Madagascar (4)

(Suite.)
En 1895, alors que la guerre le chassait de Madagascar, on vit le P. Roblet traverser la France qu’il n’avait pas revue depuis 1862. Le ministre l’avait mandé ; on voulait avoir, se sa bouche et de celle du P. Colin, des renseignements qu’eux seuls pouvaient fournir.
Aussitôt après la prise de Tananarive, il repartit pour le pays qu’il aimait et d’où il ne devait plus revenir.
Depuis cette époque il résida à Tananarive, mais chaque année, malgré son grand âge, il s’en allait pour un mois ou deux visiter dans les montagnes de l’Ankaratra ses chrétientés d’autrefois, « retrouvant grands-pères les enfants qu’il baptisa, et ne retrouvant même plus dans l’herbe des talus les ruines de ses anciennes églises ».
Il avait certainement été le premier photographe de la grande île : il débuta aux temps héroïques des plaques au collodion qu’il devait faire lui-même, et traînait partout son volumineux attirail. Malgré ces difficultés rebutantes, il avait réuni un trésor de clichés, documents uniques, sur cette époque curieuse et inconnue de l’histoire malgache. Il y travailla jusqu’à la fin, car il eut toujours un faible pour cet art où il était passé maître ; ces derniers mois encore, presqu’aveugle, il faisait de la photographie, au jugé, et telle était son habitude qu’il réussissait. Il fut le dernier à profiter de ces trésors : ses collections ont été dépouillées des clichés les plus rares par les visiteurs peu discrets qui, sans vergogne, s’en attribuèrent le mérite.
Car nul plus que lui n’était accueillant. On aimait tant à visiter dans sa chambrette encombrée, ce vieillard fluet et si aimable qu’on trouvait toujours, la loupe à la main, penché sur une carte.
Le monde officiel, volontairement, l’oubliait lui et ses services. Il était de ceux envers qui la gratitude pèse, mais les Malgaches et bien des Européens le connaissaient et l’aimaient. Depuis si longtemps, on voyait sa maigre silhouette, l’appareil en bandoulière, passer dans Tananarive où, d’instinct, il recherchait les chemins casse-cou dont ses jambes avaient l’accoutumance : « Mais, Père Roblet, nous allons nous tuer ! – Bah ! Voilà cinquante ans que j’y passe. » Il semblait faire partie du paysage.
(À suivre.)

La Croix


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