30 juin 2014

Il y a 100 ans : La gaieté française ne perd jamais ses droits

Si les tribulations d’un petit colon à Madagascar, que nous avons publiées récemment, sont attristantes parce qu’elles mettent trop souvent en évidence les regrettables discordes qui existent entre colons, elles montrent aussi que la vieille gaieté française ne perd jamais ses droits.
Cette faculté de s’amuser, même de ses propres déboires, est l’une des caractéristiques les plus encourageantes pour l’avenir de notre race, car elle prouve que nous ne perdons jamais courage.
Un prospecteur de Madagascar, qui se heurtait à de sérieuses difficultés pour se procurer la main-d’œuvre nécessaire, trouva un moyen ingénieux, sinon irréprochable, d’en… emprunter à son voisin. Il fit tout simplement courir le bruit que les galeries éboulées du dit voisin recélaient des travailleurs ensevelis et qu’il avait défendu de parler de cet incident pour ne pas s’attirer d’affaires.
Nous laissons ici la parole à l’intéressé, qui nous raconte dans les termes suivants les persécutions dont il fut victime à la suite de cette dénonciation calomnieuse :
« M. Qui-de-droit, dont je ne saurais dire si, en la circonstance, il a été léger… ou le contraire, fit immédiatement tout mettre en mouvement. Pendant deux mois, officier de police judiciaire, contrôleur des mines, miliciens, sévirent sur mon toby.
« Je voyais, mélancoliquement, mes hommes s’en aller un à un ; ce n’était pourtant pas pour cela que j’étais venu à Madagascar et que je paye exactement mes taxes et mes impôts !
« Enfin, ma galerie complètement déblayée à l’endroit de l’éboulement, on ne trouve pas le plus petit tibia de mulet, pas le plus petit os de mouton, dont on pût parler dans un rapport. L’invasion s’éloigne et je me frotte les mains ; je n’ai perdu que cent hommes à peine, deux mois de travail, et il ne me faudra guère plus de six mois pour ramener mes hommes dispersés…
« Allons, il n’y a pas encore trop de mal. »
Avouez que peu de métropolitains, fussent-ils animés de l’esprit parisien le plus sceptique et le plus gouailleur, auraient pris la chose aussi gaiement.
S’il s’était agi d’étrangers, l’incident aurait certainement eu des suites diplomatiques.

Le Courrier colonial


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