7 avril 2014

Il y a 100 ans : Madagascar ou Paraguay? (1)

Il ne suffisait pas, à l’administration actuelle de Madagascar, d’avoir établi un Concordat pour ce pays où aucun lien légal n’avait jamais existé entre les Églises et l’État : elle reconnaît la Congrégation des jésuites.
Vous imaginez que j’exagère ? Écoutez cette véridique histoire qui se passe à Fanjakana, chef-lieu de poste administratif dans la province de Fianarantsoa.
La mission des fils de Loyola s’est toujours occupée, avec prédilection, du statut éternel des Betsileos. Ce sont de si bonnes gens, des êtres si laborieux et si dociles ! Des tempéraments de choix pour des ouailles.
Leur ardeur à cultiver les rizières est une bénédiction pour la mission très intéressée aux biens de la terre ; une soumission de chiens fidèles met ces indigènes à la discrétion des Pères. Pourvu que leurs catéchumènes entretiennent congrûment les temples et leurs pasteurs, pourvu qu’ils soient assidus aux offices, les révérends ne se montrent point trop chatouilleux sur le dogme. Convaincus, en quoi ils apparaissent profonds psychologues, que les indigènes ne comprennent rien de rien à l’Évangile ou à la Bible, qu’ils gardent, au fond de leurs âmes obscures, des tendresses pour les superstitions ancestrales, ils font bon ménage avec les superstitions persistantes des convertis.
Je possède une photographie bien intéressante, parce que révélatrice, de la large tolérance de certains apôtres de Madagascar.
Dans les environs de Fianarantsoa, non loin des lieux où nous allons nous arrêter un instant, se dressait une pierre, sorte de menhir, à laquelle les indigènes attribuaient des vertus éminentes. Les épouses stériles venaient frôler la pierre plantée par les ancêtres, et ne tardaient pas à devenir mères.
En face de ce lieu de pèlerinage, les jésuites élevèrent une statue à la Vierge de Lourdes, vantant sa puissance et comptant lui amener la clientèle allant à un monument évidemment diabolique. L’entreprise périclita : quoique chrétiennes et baptisées, les femmes betsileos continuèrent à apporter leurs vœux à la pierre bénie, l’oignant de graisse et de miel.
(À suivre.)

Les Annales coloniales


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