16 avril 2014

Il y a 100 ans : Chinoiseries judiciaires coloniales

On s’amuse ou l’on s’indigne – selon son tempérament – des chinoiseries administratives ou autres dont tout contribuable ou justiciable est victime en France.
Il n’en va pas autrement, hélas ! dans nos possessions.
Un colon français de Madagascar se voyait récemment convoqué d’urgence par le chef d’une province voisine, agissant en qualité de juge d’instruction, pour venir déposer, comme témoin, dans une affaire civile.
Notre colon, respectueux de la loi et de ses représentants, rassemble ses bourjanes, fait astiquer son filanzane et se met en route ; soit une journée de voyage, deux journées de séjour hors de chez lui, une journée pour le retour ; au total, quatre jours d’absence.
Avant de réintégrer ses pénates, notre compatriote va trouver le greffier et lui demande de taxer ses frais.
— C’est huit francs par jour, lui dit le greffier.
— Comment, huit francs, mais mon voisin, qui s’est déplacé l’année dernière dans les mêmes conditions que moi, a touché douze francs !
— Oui, mais il a témoigné dans une affaire « criminelle », tandis que vous n’avez été témoin que dans une simple affaire « civile » ; le tarif de déplacement est différent.
— Fort bien, répond notre colon ; alors je vais demander à l’administration de faire prendre d’urgence un arrêté fixant des tarifs différents pour les bateliers et les porteurs suivant qu’ils auront affaire à des témoins au civil ou au criminel.
Le chef de la province a sans doute jugé prudent de ne pas soumettre au chef de la colonie un vœu aussi subversif, et le criminel continuera à rapporter 4 francs de plus par jour aux témoins que le civil. Mais nos lecteurs estimeront certainement avec nous que cette inégalité est choquante et qu’il importe de la faire disparaître au plus vite.

Le courrier de Madagascar n’a pas de chance

On se souvient que le précédent départ du courrier de Madagascar et de la Réunion a été retardé par la grève des mécaniciens.
Le Djemnah, qui devait prendre la mer hier, n’a également pas pu partir, mais pour une autre cause.
Un incendie, dont on ignore l’origine, a éclaté à son bord, si bien qu’il ne pourra se mettre en route que lundi.
Vraiment nos compatriotes de Madagascar et de Bourbon sont bien malchanceux.

Le Courrier colonial


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