13 février 2014

Il y a 100 ans : À propos de fossiles nouvellement exposés au Muséum d’histoire naturelle (2)

(Suite.)
Telle est probablement la cause qui a permis à Madagascar de rester le témoin unique d’un âge géologique dont les traces ont été effacées partout ailleurs, et de posséder un nombre d’espèces animales et végétales hors de proportion avec le peu d’étendue qu’il présente aujourd’hui.
Ces quelques données un peu ardues étant admises, il n’y a plus lieu de s’étonner de découvrir encore vivants à Madagascar des animaux aujourd’hui disparus de tout le reste du globe, par exemple d’y voir vingt-trois espèces de ces jolis lémuriens (ou « faux-singes à museau de renard » comme disait Geoffroy Saint-Hilaire) gambadant dans les forêts, tandis que leurs proches parents dans la grande famille zoologique sont morts pendant l’oligocène et qu’on retrouve nombreux leurs restes dans les gisements de phosphorites du centre de la France.
Mais, contemporains de cette faune actuelle, vivaient, il y a peu d’années encore, quelques siècles à peine, d’autres grands animaux mal armés pour se défendre que leur taille mettait dans de mauvaises conditions biologiques et que l’homme a décimés ; il y avait parmi ces disparus des lémuriens géants de la dimension d’un petit poney, des oiseaux de trois mètres de hauteur, voisins des autruches, et des casoars. C’est le squelette de l’un de ces grands oiseaux, l’Æpyornis maximus, que le Muséum vient de monter et expose dans ses galeries.
Depuis le milieu du siècle dernier, époque à laquelle Geoffroy Saint-Hilaire a attiré l’attention sur cet animal gigantesque en montrant à l’Académie des sciences quelques ossements brisés et des œufs de dimensions colossales (d’une capacité de huit à dix litres, celle d’un seau d’eau) qu’il venait de recevoir de Madagascar, les hypothèses les plus variées ont été émises à son sujet. Tour à tour, faute de documents probants, les naturalistes ont voulu faire de l’Æpyornis un oiseau de proie, un pingouin, un canard ; on a cherché aussi à l’identifier avec le « griffon », que Marco Polo décrit comme un « aigle colossal dont les ailes couvrent un espace de trente pas et qui enlève dans ses serres puissantes des éléphants, les laissant ensuite tomber de haut pour se nourrir de leurs chairs écrasées », ou au Rokh dont parle Sindbad le Marin, dans les Mille et une Nuits.
(À suivre.)

Journal des débats politiques et littéraires


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