10 janvier 2014

Il y a 100 ans : Vernissage colonial

Aujourd’hui lundi, à 11 heures du matin, a été inaugurée, à la galerie Gaston Bernheim jeune, 15, rue Richepanse, l’Exposition des œuvres destinées à former le musée de Tananarive. M. J.-B. Morel, ministre des Colonies, qui continue à assurer l’expédition des affaires courantes, est venu présider cette cérémonie, accompagné de M. Xavier Loisy, son chef de cabinet, et de M. Denys Cochin, député de Paris, membre de l’Académie française et de la Commission des Affaires extérieures et des Colonies de la Chambre. Ils ont été reçus par MM. Louis Dumoulin et Franc-Lamy, président et secrétaire de la Société coloniale des Artistes français.
On ne saurait trop louer l’initiative de la Société coloniale des Artistes français qui a jugé bon de doter Tananarive d’un musée de peinture, de sculpture et de gravure qui, sans qu’il ait été payé quoi que ce soit aux artistes pour leurs œuvres, pourra rivaliser avec les musées de certaines villes de province.
Pourquoi, après avoir montré aux indigènes les prodiges du génie français, ne leur donnerait-on pas la faculté d’admirer les merveilles de notre art. Admirons une fois de plus le généreux désintéressement des artistes qui ont permis la première réalisation de cette idée à Tananarive.
Le petit cortège officiel a fait le tour des galeries avec beaucoup d’attention. M. Louis Dumoulin a prodigué au ministre les explications et les commentaires. Signalons particulièrement, parmi les œuvres exposées, un centaure aux coloris vifs d’Édouard Doigneau, un paysage de Freneuse par Joseph-Félix Bouchor, très fouillé et très bien conçu, un intérieur de Jean Béraud, La femme aux fleurs, de Louise Abbéma, des Meules au clair de lune, de Louis Dumoulin, un joli buste de femme accoudée d’une très belle venue artistique d’Albert Fourié, une Étude d’arabe d’Henri Gervex, le Loing à Moret, d’Antoine Guillemet, et quelques dessins originaux de Dagnan-Bouveret et de Waltner.
M. J.-B. Morel avec sa suite s’est retiré à 11 h. ½, enchanté de sa visite et de l’accueil qui lui a été fait.

Les Annales coloniales


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