3 décembre 2013

Il y a 100 ans : La Trinité coloniale de l’Océan Indien (1)

L’article que notre collaborateur, André Reuze, consacrait, le 29 juillet, aux doléances des Mauriciens, a provoqué dans la presse locale des appréciations diverses sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir.
Pour le moment, le débat reste confus et les aspirations de chacun des partis mauriciens ne sont pas encore bien nettes.
Il est cependant acquis désormais, qu’une partie des habitants de l’île aspire à un retour vers la France, mais à défaut d’un self-government.
Cette dernière formule politique semble rallier la majorité. Mais s’il faut renoncer à l’hégémonie politique française dans l’Océan Indien, pourquoi ne pas reconstituer, seulement au point de vue économique, la vieille trinité coloniale : Madagascar, Bourbon et Maurice ?
Quelle est la situation de la vieille Île de France au regard des deux autres colonies-sœurs ?
En 1912, les importations de Madagascar dans cette île ont été de 1 million de roupies et celles de Bourbon de 340 000 roupies.
Ce sont là des chiffres infimes si l’on remarque que Maurice importe, au total chaque année, tout près de 38 millions de roupies.
D’où cette première constatation : Bourbon – et Madagascar surtout – n’occupent pas à Maurice, dans le commerce d’importation, la place que nos colonies peuvent escompter.
Nous avons dit : Madagascar surtout, car l’examen des articles importés, de leur importance et de leur valeur, nous conduit à une seconde et pénible constatation.
Alors que Madagascar est d’une richesse inouïe en bovidés, elle n’est qu’un des moindres fournisseurs de bœufs de Maurice.
Alors que cette île demande à l’étranger pour sa subsistance 4 millions de roupies de viande de bœuf, elle ne reçoit de la Grande Île que des envois se chiffrant annuellement par 8 000 roupies. Il faut donc que nos colons malgaches obtiennent la première place qui leur revient et qu’il leur est facile de conquérir.
Encore que cet article ne fasse l’objet que d’une vente réduite – c’est notre consul qui l’affirmait récemment – il est certain que Madagascar se trouve désormais bien placé et outillé pour s’assurer à Maurice un véritable monopole.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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