14 décembre 2013

Il y a 100 ans : Chercheurs d’or à Madagascar

Accompagné d’un commandeur et porté sur un filanzane par ses bourjanes, le prospecteur se rend sur le Zoma (marché). Là, il engage tous les indigènes consentant à le suivre, pour chercher de l’or qu’il leur achètera de 2 à 2 fr. 30 le gramme suivant la concurrence.
Les Malgaches aiment les kabary, l’argent, la bonne chère. En foule, ils accourent et le commandeur les enrôle.
Le prospecteur a vite ainsi à sa disposition les travailleurs nécessaires, dont un tiers de femmes. Il les organise par groupes de trois : un piocheur, un pelleteur, une laveuse. Et la fouille commence sous la surveillance du commandeur.
Munis d’un permis de recherche et guidés par un indigène ayant promesse de récompense, les chercheurs d’or plantent un piquet dans un terrain propice. Ce piquet portant leur nom très apparent est le centre d’une circonférence de 3 kilomètres de diamètre.
Avant de se décider à planter des piquets il faut bien s’assurer de la qualité des terrains. Les indigènes, pour toucher une récompense, emploient tous les moyens possibles pour tromper l’Européen. Ils « fusillent la mine », c’est-à-dire tirent, sur un point choisi, un coup de fusil après avoir glissé au préalable de la poudre d’or dans le canon ou encore, ils la « fument » sous votre nez, en laissant choir de la poudre d’or de leur cigarette allumée et truquée…
Ici, point d’amalgame, le simple lavage à la battée laissant perdre la moitié de l’or, dont on abandonne encore une si grande quantité sur les terrains fouillés à la hâte, que deux ans après, quand les pluies ont renivelé le sol, il paraît tout aussi riche qu’auparavant.
Le Malgache étant payé au jour le jour, suivant l’or qu’il rapporte et que le prospecteur lui achète après l’avoir pesé, il a intérêt à sauter d’un point à un autre, quand le premier ne renferme pas suffisamment de métal précieux.
Certains travailleurs se font des journées splendides quand ils tombent sur des poches d’or. Dans la région de Diégo-Suarez, on a vu ainsi des Antaimoros découvrir de véritables fortunes. Mais ce sont là d’heureux accidents. Ceux qui ont la chance de tomber sur de pareils nids sont presque aussi rares que ceux qui gagnent le gros lot à la loterie.
L. C.

Le Courrier colonial

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