26 octobre 2013

Il y a 100 ans : Exécution capitale (1)

Les journaux que le courrier nous a apportés de Diégo-Suarez nous font connaître qu’une exécution capitale a eu lieu dans cette localité.
Au sujet d’exécutions de cette nature qui se font de plus en plus fréquentes à Madagascar, nous ne saurions mieux faire que de reproduire l’article ci-après de le Dépêche de la Réunion, qui exprime sur cette question des idées les plus justes et tout à fait d’actualité.

L’autre veuve
Les journaux de Madagascar nous apportent, périodiquement, la nouvelle d’un nouveau méfait, d’un crime odieux commis sur la personne d’un « vazaha » par les indigènes, principalement par les Antaimoro nomades chez qui se recrute la caravane d’assassins.
On ne compte plus les assassinats commis sur la personne des blancs. Il est vrai que la colonie est vaste. Nous l’avons conquise, par la force des armes, au prix de six mille morts, à l’heure où l’on nous tuait moins de monde qu’à présent que nous en sommes les maîtres. Joli sujet de méditation pour les apôtres de la colonisation. Ces jours derniers encore, on a passé par les armes, sur la plage de Tamatave, un indigène convaincu d’assassinat sur la personne d’un Chinois. Ces fusillades n’arrêtent guère le mouvement de criminalité.
Il grandit sans doute au fur et à mesure de l’importation dans l’île de nouveaux besoins, importation qui n’est pas compensée par des habitudes plus grandes de travail et de régularité. Et puis, il faut avoir le courage de l’écrire, si le gouvernement général de Madagascar compte, avec ses fusillades répétées, endiguer la marée rouge qui monte, il se trompe étrangement, encore que sa police soit excellente.
Non, ce qui ne convient pas aux Malgaches, c’est le genre de mort qu’on leur réserve au bout des fusils Lebel, comme à des soldats. La loi française prévoyant que tout condamné à la peine capitale « aura la tête tranchée », le gouvernement général, au temps de Galliéni et d’Augagneur, n’ayant pas voulu par coquetterie ou humanitarisme mal compris, attacher son nom à l’importation d’une « Veuve Faucheuse », on sollicita un décret, comme pour l’Indo-Chine, fixant le mode d’exécution capitale pour Madagascar.
(À suivre.)

Le Tamatave

Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire