28 septembre 2013

Il y a 100 ans : Une excursion sur l’Ivondro (9)

(Suite.)
Dès lors, si toutefois on n’abandonne complètement l’idée première et les travaux commencés, de nouvelles études seront jugées nécessaires, et les anciennes iront rejoindre leurs devancières dans les cartons à oubliettes de la direction, si elles ne vont pas finir leur existence dans la hotte de quelque chiffonnier.
Avant M. Berthier, M. Goujon avait aussi entrepris le curage de ce fameux canal. Mais il n’avait eu d’autre but que de faire taire les colons en faisant semblant de leur donner satisfaction. De fait, en leur faisant ainsi venir l’eau à la bouche, il avait simplement renouvelé pour eux le supplice de Tantale.
Vous me trouverez un peu dur, ajoute mon interlocuteur ; mais pour bien vous rendre compte que je suis encore bien au-dessous de la vérité, il vous faudrait avoir vécu la vie réelle de colon sur un point quelconque de la vallée de l’Ivondro.
Par le chemin que nous avons suivi hier en filanzane pour gagner les rives du fleuve, vous vous êtes rendu compte qu’il est plus que chimérique de compter sur cette voie, si ironiquement qualifiée de route, quoique aujourd’hui relativement bien entretenue, pour transporter les approvisionnements absolument indispensables dans une ferme.
Encore plus grande est l’impossibilité d’écouler par cette voie les produits de la ferme sur Tamatave. Outre qu’une armée de bourjanes serait nécessaire pour cela, la valeur de beaucoup de ces produits ne suffirait pas à payer les frais de transport.
Il reste la voie fluviale. Mais à l’heure actuelle elle se termine à Mahatsara, à la gare du T. C. E. Là se présente une impossibilité d’un autre genre.
Pour voyager en chemin de fer, les produits doivent être soigneusement emballés et pouvoir séjourner pendant un certain temps, sans détérioration, dans leur emballage.
Or si quelques produits de la ferme sont assez riches pour remplir ces conditions et supporter ces frais, combien d’autres qui ne le peuvent pas, et dont la vente cependant pourrait couvrir les frais généraux, augmenter d’une façon notable les bénéfices du colon, et en sauver plusieurs de la ruine.
(À suivre.)

Le Tamatave

Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).

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