7 septembre 2013

Il y a 100 ans : Le bassin de radoub de Diégo-Suarez (2)

(Suite.)
Il en fut ainsi pour le bassin de Diégo-Suarez. Entre autres imprévisions ayant grevé le coût prévu de près de deux millions, je citerai la consistance excessive des fonds à draguer. Au lieu de boues, ou de terres se laissant facilement sucer ou enlever aux godets, les entrepreneurs tombaient sur des argiles d’une compacité de roc, résistant à toutes les machines. Il fallut forer des trous dans cette masse, la désunir à la dynamite et fragments, que l’eau, pénétrant dans les fissures, ramollissait et qui, moins résistants, finissaient par céder à la drague.
Puis survint un accident dont les conséquences furent très onéreuses. La souille du bassin était creusée en bordure de la falaise argileuse. Dès qu’elle atteignit six mètres de profondeur, la falaise entière se mit à glisser dans la mer. Pour prévenir un éboulement qui aurait amené l’écroulement des bâtiments établis sur le sommet de la falaise et eût comblé d’ailleurs le bassin, on fut amené à soutenir la côte par des murs cyclopéens.
Bien entendu, personne ne fut responsable ; les plans, dans leurs promenades de Madagascar à Paris, avaient pris le caractère d’œuvres anonymes : trop de monde y avait travaillé pour qu’il fût possible de démêler où, par qui et comment s’étaient introduites ces erreurs de prévision. L’élaboration du projet avait été dirigée, vous voyez comme : l’exécution ne fut pas moins singulière.
Constamment, il y eut des conflits, des discussions parce que la direction des travaux était fatalement confuse et incohérente.
Le capitaine de frégate, commandant la défense mobile, éleva souvent, trop souvent la prétention de donner des directions au personnel technique. Cet officier changeait tous les deux ans ; il y eut six ou sept frégatons à s’occuper du bassin de radoub. Tous n’avaient pas les mêmes idées, et plus d’un entendait faire prévaloir ses conceptions sur celles de l’ingénieur chef des travaux.
(À suivre.)

Les Annales coloniales

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