23 juillet 2013

Il y a 100 ans : Les missions catholiques à Tamatave (4)

(Suite et fin.)
Le catholicisme à Madagascar a eu cette chance d’avoir toujours été en butte à la défiance, sinon à la persécution.
Mais, malgré toutes les embûches, il a fait du chemin.
Des foyers chrétiens restent, généreux et fervents. L’instruction religieuse est développée, et, dans les endroits où le missionnaire a pu résider avec constance, la vie chrétienne est active.
Et mon « colon », que vingt années de présence à Madagascar ont attaché à la colonie, exalte « sa terre » d’adoption. Il a lu le P. Suau, dans Les missions à Madagascar à vol d’oiseau, et enthousiasmé, il reconnaît l’exactitude de cette courte étude. Elle est impartiale en effet.
La France, en conquérant ce pays, s’est donné, à son égard, charge d’âmes, et si de cette charge la France officielle se désintéresse, c’est à l’autre, qui, pour n’être pas officielle, n’en est pas moins la France, c’est aux catholiques de l’assumer, en aidant l’œuvre magnifique des missionnaires.
Pauvre et anémié, trop réduit numériquement, le Malgache n’est pas capable de l’effort que demanderait la transformation de son île, pauvre comme lui ; mais il est capable de l’effort que demanderait sa propre transformation. Pas toutes ses tribus, peut-être, ni aucune en un jour, mais certaines d’abord ; les autres, il n’en faut pas désespérer ensuite. Il en est capable parce qu’il n’accomplira pas seul ce grand labeur, parce qu’il a déjà fait ses preuves, qu’en dépit de son enfantillage, de son peu d’idéal surnaturel, d’habitudes invétérées, ce peuple, depuis cinquante ans, a donné des gages de constance et de vertus, dont toute une littérature ne veut rien connaître.
Les missionnaires catholiques ont fait preuve à Madagascar d’une invincible patience. Ils ont attendu la France, la représentant presque seuls, lui conservant, aux jours de désastres, son prestige, et, aux jours de haine, de la sympathie.
Ils ont assisté nos soldats dans les ambulances. Longtemps nos consuls et nos résidents, ne faisant qu’un avec eux, ont, pour eux, réclamé la liberté. Ils s’en contentent et la désirent, non pour eux seuls, mais pour tous.
L. H.-J.

La Croix

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