15 février 2013

Il y a 100 ans : Une heureuse mesure


De la Tribune :
Les parents européens de Tananarive sont dans la joie. Un décret, publié dans le dernier numéro de l’Officiel de la Colonie, donne satisfaction à l’un de leurs plus vifs et plus légitimes désirs.
Depuis plusieurs années déjà, ils demandaient à ce que leurs enfants, après avoir suivi les cours réguliers du collège de Tananarive et franchi les différents degrés de l’enseignement secondaire, puissent obtenir sur place, sans être obligés d’effectuer le voyage, long et onéreux, de Madagascar à la Réunion, un diplôme de fins d’études correspondant au baccalauréat de nos Facultés de France.
Ce vœu était d’autant plus légitime que le niveau des éludes au collège de Tananarive était, d’année en année, plus élevé. Les élèves arrivés à la classe préparatoire au baccalauréat se trouvaient en général dans d’excellentes dispositions et munis d’une culture parfois supérieure à celle de la plupart des élèves de nos lycées et collèges de France.
Malheureusement, les frais à faire pour s’en aller chercher à la Réunion la consécration officielle étaient considérables et jusqu’à présent, beaucoup de parents – colons principalement – hésitaient à les engager ou parfois même se trouvaient dans l’impossibilité absolue de le faire. Il en résultait que des jeunes gens, intelligents et instruits, ne pouvaient obtenir le diplôme grâce auquel ils auraient obtenu, dans la colonie, une situation en rapport avec leur savoir.
Le nouveau décret, en instituant à Madagascar un brevet de capacité correspondant au baccalauréat, met fin à cette situation regrettable et ouvre largement la voie des études supérieures à toutes les intelligences et à toutes les activités.
Le jury chargé d’examiner les candidats présentera les mêmes conditions d’indépendance et de savoir que les jurys d’examen métropolitains. Les membres seront, en effet, choisis parmi les professeurs titulaires du collège, dont chacun connaît, à Tananarive, la science et les qualités pédagogiques, parmi les fonctionnaires civils, licenciés ès-lettres ou ès-sciences, enfin, parmi les docteurs en médecine et les élèves des grandes écoles.
L’éclectisme de ce choix constituera la meilleure des conditions d’impartialité et les candidats reçus auront pleinement mérité le diplôme qui leur sera délivré.
Comme en France, il y aura à Tananarive deux sessions d’examen : l’une à la clôture, l’autre au commencement de l’année scolaire. D’autre part, les jeunes gens munis du brevet de capacité pourront l’échanger contre le diplôme de bachelier de l’enseignement secondaire sous la condition d’acquitter, au compte du trésor public, les droits exigés en France des candidats au même titre. En plus, ils devront justifier qu’à l’époque où ils se sont présentés devant le jury d’examen colonial, ils résidaient depuis un an au moins à Madagascar ou encore qu’ils sont fils de fonctionnaires en exercice à Madagascar.
Le décret contient bien une pierre assez sérieuse d’achoppement, mais il est à penser que les Facultés de France useront rarement de la latitude qui leur est laissée.
Il est dit, en effet, dans le décret que la Faculté à laquelle le lauréat s’adressera pour l’échange des diplômes pourra, si elle juge les compositions insuffisantes, se refuser au dit échange. Dans ces conditions, le porteur du brevet de capacité devrait subir à nouveau, devant la Faculté métropolitaine, les épreuves du baccalauréat.
Nous avons la conviction que les Facultés de France n’useront pour ainsi dire jamais du droit qui leur est concédé par le décret.
Verbis.
Le Tamatave

Extrait de Madagascar il y a 100 ans. Février 1913.
(A paraître dans quelques jours)
Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).

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