24 janvier 2013

Il y a 100 ans : Les événements et les hommes


Notre confrère le Progrès annonce sans gaieté que l’Hôpital militaire d’Isoavinandriana, dont on avait annoncé la suppression, restera et continuera (si l’on peut dire !) à fonctionner « provisoirement ».
C’est, assure-t-il, la preuve que l’Administration a l’âme bien dure, puisqu’elle n’hésite pas à ajouter aux souffrances des malades civils et militaires, la torture et l’horreur d’habiter encore dans ces honteux bâtiments qui étaient déjà insalubres il y a quinze années.
On se demande à bon droit comment nos médecins peuvent encore supporter d’exercer dans ces vieilleries, privés de tout le confort moderne. Cet hôpital est la honte de Madagascar, et surtout de Tananarive, la Ville lumière. À quoi bon tant de luxe d’un côté, s’il y a tant de misères de l’autre ?
On a renoncé définitivement à la construction d’un hôpital sur l’emplacement de l’ancien palais du Premier Ministre. Peut-être d’excellentes raisons ont-elles pu être invoquées à ce propos. Mais qu’importe ! si on ne construit pas là, que l’on construise ailleurs, mais qu’enfin on construise, et un hôtel qui ne ressemble pas à une morgue ou à tout ce qu’on voudra, sauf à un hôpital.
L’état de choses actuel est un véritable scandale, que rien ne saurait expliquer sous le règne de M. Picquié, car chacun sait que cet homme de bien (qui affirme à tout venant l’excellence de sa santé et qui prolonge d’autorité son séjour dans la colonie où il se porte comme un charme, grâce à la juvénile robustesse de sa constitution !), chacun sait, disions-nous, qu’il soigne sa précieuse – et valide ! – personne par de fréquentes cures à Antsirabe, où rien du confort moderne ne lui manque.
Que le bien portant M. Picquié ait donc pitié (aïe !…) des autres, des vrais malades !…
Les Annales coloniales

Extrait de Madagascar il y a 100 ans. Janvier 1913.
L'ouvrage est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).

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