4 janvier 2013

Il y a 100 ans : Les adjudications publiques de travaux à exécuter à Tamatave ou les environs


Le Journal Officiel est toujours intéressant à lire, mais celui du 28 décembre dernier l’est spécialement pour nous, en raison des avis d’adjudication de divers travaux à exécuter à Tamatave ou ses environs, et dont le montant s’élève à près de 130 000 fr.
C’est pour le coup que certain collaborateur de la Tribune va dénoncer Tamatave comme étant l’enfant gâté de la Colonie. 130 000 fr. de travaux ! y pensez-vous ? Il y a beau temps que les entrepreneurs de Tamatave ne s’étaient pas vu autant de pain sur la planche !
Mais au fait ! Est-ce qu’il y a des entrepreneurs à Tamatave ?
En relisant le Journal Officiel, on est tenté de croire qu’il n’y en a pas ; ou s’il y en a, ils doivent être si peu nombreux et de si peu de valeur que les Travaux Publics les ont considérés comme quantité négligeable.
La preuve. Pour les travaux à exécuter dans tous les autres centres de l’île, à Tananarive comme à Majunga, à Fort-Dauphin comme à Antsirane, ou à Tuléar, etc., l’adjudication a lieu dans le centre même de l’adjudication de ces travaux.
Tandis que pour tous les travaux sans exception à exécuter à Tamatave, l’adjudication a lieu, simultanément, à Tamatave et à Tananarive.
Pourquoi cette exception qui, à y bien regarder, représente une criante injustice ? Les entrepreneurs de Tamatave sont-ils moins nombreux ou connaissent-ils moins bien leur métier que leurs confrères de Majunga, de Fort-Dauphin ou d’ailleurs ?
Mais si je sais compter, ils sont une dizaine au moins et ils ont tous fait leurs preuves dans des travaux sérieux, de grande importance, étant d’ailleurs depuis longtemps dans la colonie, tels que Poggioli, Niveau, Burgal, Langelier, Valet, Charles, Chabas, Valéry, Eline, Lacmal et autres.
D’un autre côté je me suis laissé dire que la patente payée par un entrepreneur n’est valable que pour la Province dans laquelle elle a été prise, à moins qu’il ne se paie le luxe d’une patente pour l’île entière.
Puisque les entrepreneurs de Tananarive sont appelés, dans la capitale même, à soumissionner pour des travaux à exécuter à Tamatave, la Direction des Travaux Publics pourrait-elle nous dire si ces entrepreneurs sont munis d’une patente spéciale pour Tamatave ; ou bien, s’ils sont pourvus d’une patente pour l’île entière, pourquoi ne les appelle-t-on pas dans la même forme pour les travaux à exécuter dans les autres provinces ?
Pourquoi ? oui ! Pourquoi ?
Ah ! Messieurs les entrepreneurs de Travaux Publics de Tamatave, je soupçonne fort que vous n’avez pas eu les reins assez souples, peut-être même que vous n’avez pas su… graisser suffisamment les rouages, que dans tous les cas et d’une façon quelconque, vous n’avez pas eu l’heur de plaire à sacrée administr… pardon ! à cette administration sacrée, voulais-je dire, et elle vous le fait sentir. C’est bien fait pour vous !
Apprenez donc à courber le dos servilement et… à mettre de l’huile dans les machines… Peut-être alors rentrerez-vous en grâce auprès de cette sacr… pardon encore ! cette administration sacrée !
Si pourtant Monsieur le gouverneur général venait à être avisé de cette… anomalie et à s’en rendre compte…
… Peut-être bien, cela pourrait changer.
Un entrepreneur.
Le Tamatave

L'ouvrage est disponible en version papier (123 pages, 10 € + frais de port) ou en version epub (4,99 €).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire