7 novembre 2008

Un inédit de Charlotte Rafenomanjato

Après Rado, une autre grande figure des lettres malgaches a donc disparu cette semaine. Charlotte Rafenomanjato n'était pas qu'une femme de lettres: sage-femme et puéricultrice, elle avait côtoyé la "vraie vie", à Madagascar et ailleurs.
Pour être sincère, je ne la connaissais pas très bien, même si nous nous sommes rencontrés à de multiples reprises. La dernière fois, il y a quelques mois, avant d'autres contacts par messagerie électronique, elle animait la proclamation des résultats d'un concours qu'elle avait initié pour faire connaître de jeunes écrivains.

A ma connaissance, son dernier ouvrage paru doit être Felana, aux Editions Le Cavalier bleu, en 2006. Je ne l'ai pas lu. Mais voici comment le présente l'éditeur:
Felana est née sous le signe funeste de l'Alakaosy, l'Etre de feu. Selon les croyances malgaches, elle porte le malheur, ce que les événements semblent confirmer depuis l'incendie la nuit de sa naissance jusqu'à la mort de ses parents également par le feu. S'engage alors un long combat contre ce terrible destin qui l'amène à croiser tour à tour le sorcier du village de ses ancêtres, les sœurs du pensionnat d'Antananarivo où elle a trouvé refuge, un scientifique américain auprès duquel elle va travailler, confrontant alors la raison et la certitude aux racines profondes de l'univers malgache. L'auteur nous fait découvrir ici les coutumes et les croyances malgaches au travers de personnages attachants et d'un récit palpitant.
Plus récemment, Charlotte m'avait demandé de lire son dernier manuscrit - ce que, à ma grande honte, je n'ai pas trouvé le temps de faire. Le signe de Satan est un roman assez épais, dont je vous confie le premier paragraphe comme une bouteille à la mer, en espérant qu'il verra le jour dans un avenir plus ou moins proche.
La nuit des ombres n’est plus bien loin. Les arbres de la forêt se pelotonnent les uns contre les autres, et forment une masse de plus en plus indistincte. En bas de la colline, les silhouettes floues des paysans montent à queue leu leu sur les sentiers des rizières vers leur village sur les hauteurs. La récolte est bonne et, demain dès l’aube, des épis de riz rempliront les charrettes à bœufs. Ce sera le jour attendu impatiemment depuis ceux lointains des semailles et du repiquage. De l’aire de battage retentiront les bruits sourds des grappes contre la large pierre plate. Les grains se détacheront, formeront un tapis de soleil éclaboussé par les rires et les calembours qui fuseront jusqu’au soir. Très bientôt, les silos se rempliront des fruits du labeur des villageois. Une partie sera vendue en ville en échange des petites choses de leurs modestes besoins, comme le pétrole lampant, les bougies, les allumettes, le savon, entre autres. Le reste assurera leur quotidien jusqu'à la prochaine récolte. A la campagne, la vie s’écoule dans les veines du temps, sereine, quelquefois à peine troublée par une larme égarée entre deux rires.
Pour en savoir plus sur son oeuvre et découvrir d'autres inédits, je vous conseille cette page qui n'est pas tout à fait à jour mais contient des informations précieuses.

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